Georges Braque toute la tendresse de la poésie du monde

Georges Braque à Hyères, l’œuvre gravée

By TV83.info -Août 5, 20220

Georges Braque

Regard tendre sur  la poésie du monde
2022, c’est le 140e anniversaire de la naissance de Georges Braque (1882-1963), précurseur de nombreux mouvements artistiques. La Banque Musée d’Hyères consacre à l’artiste une belle exposition à ne pas manquer, en août et septembre. Revenons sur un  événement culturel qui s’avère comme une réussite.

Un artiste universel
Ami de Matisse, de Jean Paulhan et Aimé Maeght, Braque a été le précurseur de nombreux mouvements artistiques. Il commence avec les Fauves, co-fonde le Cubisme, explore les paysages géométrisés et les natures mortes en aplats, crée les papiers collés et varie les thèmes, comme les oiseaux ou la mythologie grecque. Il participe également à l’engouement pour le livre illustré qui se développe dès le début du XXe siècle, illustrant les œuvres de ses amis poètes, dont René Char (Lettera amorosa, 1953).

Un poète de la matière
Les critiques de l’époque ont noté son souci constant du métier mais aussi de la matière. On sait qu’il fut un des premiers  à expérimenter l’usage du sable incorporé à la peinture. Son don technique de graveur a été très tôt reconnu ne négligeant ni la pierre ni le  métal : la gravure est indissociable de son œuvre.

Maître de la lithographie
Braque commence à graver dès 1908 mais ne montre ses compositions qu’à partir de 1912, encouragé par son marchand Kahnweiler. Après la guerre de 1914-18, il produit quelques gravures sur bois et davantage de lithographies. C’est à partir de 1930 qu’il y consacrera une partie de son œuvre. Son œuvre gravé, si important, reste ainsi peu abondant. « La limite des moyens », notait-il, « donne le style, engendre la formule nouvelle, et pousse à la création ».

arbres à l’estaque G.Braque

Braque et Picasso
Georges Braque naît le 13 mai 1882 à Argenteuil au sein d’une famille d’artisans. Il grandit au Havre où il étudie à l’École supérieure d’art de 1897 à 1899. Puis, il débute en tant qu’apprenti peintre décorateur chez son père. À la suite de son service militaire en 1902, il s’installe définitivement à Paris. Après avoir suivi des cours de dessin à l’Académie Humbert, il se consacre pleinement à la peinture. En 1905, il peint ses premières toiles d’influences impressionnistes, puis se rapproche du fauvisme avec des compositions aux couleurs vives telles que Le Port de l’Estaque en 1906. Sa rencontre avec l’artiste Pablo Picasso en 1907 bouleverse son style pictural. Intrigué par le tableau de l’Espagnol, Les Demoiselles d’Avignon, qui arbore des formes géométriques et déstructurées, Braque commence à expérimenter la décomposition des figures dans Nu debout (1907) et Le Grand Nu (1907-1908). C’est le début d’une belle amitié et d’une longue collaboration entre les deux artistes qui fondent un nouveau style pictural basé sur l’utilisation dominante d’éléments géométriques : le cubisme.

La Célébration hyéroise
Sans avoir le génie de Picasso, Braque est un jalon important dans l’histoire de la peinture moderne. Dès 1911, le peintre prend conscience que ses œuvres toujours plus géométrisées et simplifiées deviennent de plus en plus abstraites. Pour renouer avec le réel, il introduit dans sa peinture, différentes techniques comme celle des papiers collés (Compotier et verre, 1912), ajoute des lettres et des chiffres peints au pochoir dans ses œuvres (Le Portugais, 1912) et s’essaye à l’imitation de matières (Femme à la guitare, 1913).

En 1914, la Grande Guerre stoppe nette ses explorations cubistes. Dès lors, et bien qu’il poursuive son œuvre dans la perspective cubiste, Braque évolue vers des tons plus colorés, ainsi que des formes moins anguleuses et plus réalistes. De 1918 à 1927, il réalise trois séries de natures mortes : les Guéridons, les Canéphores et les Cheminées, puis se consacre un temps à la sculpture. De 1949 à 1956, il compose sa série intitulée Ateliers, et introduit pour la première fois des oiseaux aux formes très schématisées. Ce thème l’accompagne jusqu’à la fin de sa carrière. En 1953, Braque achève Les Oiseaux une immense fresque peinte pour un plafond du Louvre. Lorsque Malraux lui demanda quel était le sens de son œuvre il dit simplement « C’est un regard de tendresse sur la poésie du monde ! »

Une action  conjointe
François Carrassan adjoint à la culture  ajoute avec finesse : « On racontera un jour l’histoire de la renaissance du musée d’Hyères et comment on fit d’une ancienne et majestueuse Banque de France un haut lieu de la culture partagée au cœur de la ville. A quoi son succès public invite naturellement. Un lieu accueillant dont chacun ressent l’harmonie et le bien-être de s’y trouver. Où chacun peut cultiver son goût et faire l’expérience de la beauté. Directement. Simplement. Avec aujourd’hui cette exceptionnelle proposition de l’œuvre gravé de Georges Braque : un éblouissement. »

Jusqu’au 25 septembre, le musée expose 78 œuvres de Braque. Cette exposition est le fruit d’une étroite collaboration avec la Fondation Maeght  donnant lieu au prêt exceptionnel de ces œuvres.

Le musée a déjà accueilli plus de 6000 visiteurs depuis le 4 juin, début de cette nouvelle exposition temporaire. Et ça continue jusqu’au 25 septembre ! Georges braque la Banque de Hyères pour la bonne cause ! 14 Av. Joseph Clotis, 04 83 69 19 40.

Jean François Principiano

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