Le rêve de l’Ile de Sable avec le Festival de Toulon et sa région.

Toulon : Le rêve de l’île de Sable

By TV83.info -Nov 2, 20210

Anne Charpentier acrobate

Rencontre imaginaire  entre un explorateur breton, la musique baroque, Marie Louise Duthoit Philippe Berling et Anne Charpentier. Un spectacle musical de haute voltige proposé par le Festival de Toulon et sa Région le jeudi 18 novembre 20h au Lycée Dumont d’Urville. Embarquement immédiat !

L’île de Sable

Un breton à Toulon
C’est une idée sympathique de s’inspirer de  la vie aventureuse d’un explorateur breton le marquis Trolius de La Roche-Mesgouez qui fut un des premiers marins français à tenter la colonisation du Canada sous Henri IV ! Le roi l’avait nommé lieutenant général des pays de Canada, Terre-Neuve, Labrador et vice-roi de la Nouvelle-France. Il tenta d’installer  quelques hommes sur l’île de Sable au large des côtes de la Nouvelle Écosse qu’il s’engageait à ravitailler. Une idée absolument folle. Le pire désastre de la colonisation française. Les malheureux, au bord de la famine, se sentant cruellement abandonnés commencèrent par se manger entre eux puis se révoltèrent contre leurs chefs et contre de La Roche.  Les survivants furent rapatriés en 1603 sur ordre du roi qui les gracia. Henri IV avait du cœur. De la Roche mourut en Bretagne en 1606 complétement discrédité. Malgré cet échec dont les Anglais rigolent encore, l’infortuné breton est cependant considéré dans l’historiographie canadienne comme un des précurseurs du Canada Français et le canton canadien de La Roche situé dans la région du Bas-Saint-Laurent au Québec est nommé en son honneur. *

Une aventure participative

Marie Louise Duthoit Philippe Berling et Cyril Costanzo

Philippe Berling metteur en scène, un des artisans du spectacle décrit en termes poétiques ce projet artistique. Il dit :
« En 1598, à l’aube de l’ère baroque, un marin d’Henri IV, Troilus de La Roche de Mesgouez quitte la Bretagne pour coloniser l’Île de Sable avec à bord de La Françoise un équipage composé de mendiants et de prostituées. L’Île de Sable est un mince croissant de dunes de sable au large du Canada, posé comme un sourire sur l’Atlantique. Ce sourire de 30 km de long sur 2km de large, change constamment de forme au gré des vents et des tempêtes. D’épais brouillards y séjournent sous l’influence des efforts conjugués du Gulf Stream et du courant du Labrador. Les rêves y sont chez eux. Tout comme aujourd’hui, une horde de chevaux sauvages, des sternes arctiques, des bruants des prés, des veaux marins, des phoques gris et des éponges d’eau douce. Car l’Île de Sable est redevenue réserve naturelle : la tentative de colonisation de Troilus a évidemment échoué au bout de quelques années. Coloniser une île de sable quand on s’appelle « de La Roche », voilà qui est baroque ! L’histoire de cette île, colonisée puis redevenue sauvage, pourrait être l’histoire de notre planète.

Nous allons refaire et rêver le voyage de Troilus de La Roche Mesgouez, avec les moyens du bord. Troilus (Cyril Costanzo) a emmené avec lui un équipage de futurs colons (les quatre instrumentistes et l’acrobate danseuse) et sa fidèle servante Sancha (Marie-Louise Duthoit). Car Troilus n’est pas sans rappeler Don Quichotte ! Son projet pour l’Île de Sable est de sauver sa Dulcinée qui y est, croit-il, retenue prisonnière et refonder un monde meilleur, un Eldorado dont ils seront les premiers hommes. Au fil du voyage, Troilus-Quichotte va affronter tous ses démons, toutes ses chimères : une magicienne, une tempête, un puissant sommeil et la compassion, voire l’affectueuse dérision de son équipage.

Notre navire, c’est le clavecin, dont le couvercle ouvert à la forme d’une petite voile et les instruments baroques dispersés tout autour, viole de gambe, luth, théorbe, cornemuse, flûtes, guitare baroque, augmentés d’une plaque à tonnerre et d’une machine à vent.

La grand-voile, c’est le domaine de l’acrobate danseuse, son mât, sa vigie, sa toile, son nuage personnel.

A la fin du spectacle, le rêve de l’Île de Sable se dissipe. Il n’en reste que, joué aux instruments baroques, le galop d’une horde de chevaux sauvages pleins de poils et de crins et la crécelle nasale, stridente et râpeuse de la sterne arctique, le doux chant spiralé précédé de quatre appels du bruant des prés. »

Invitation au voyage baroque
Marie Louise Duthoit professeur d’enseignement artistique, chant en musique ancienne et chant lyrique au Conservatoire de la Métropole Toulon-Provence-Méditerranée, qui a choisi les extraits musicaux, invite au voyage. Elle dit :

« Rencontres amoureuses, jalousies, peurs, solitude, doutes, airs à boire, tempêtes, magie … La musique baroque est la musique illustrative par excellence. Elle sait, avec justesse et poésie, parler de la nature, des tempêtes qu’elles soient amoureuses ou météorologiques, de l’homme et des sentiments. Dans cette musique le mot est porté au plus juste par les notes qui viennent embellir et enrichir la parole. Le baroque décrit, illustre, exhale ce que l’homme ressent, raconte et rencontre. Elle est dénuée de superflu, elle exprime au plus près le rapport de l’homme à lui-même et à son environnement. En ce sens on pourrait dire que la musique baroque est écologique ! Toutes les musiques sont françaises, issues du répertoire baroque. Nous avons pioché dans les œuvres de différents compositeurs tels que François Joseph Salomon, Marin Marais, Charles Tessier, Didier Leblanc, Jean-Philippe Rameau, Michel Pignolet de Montéclair, Jean-Baptiste Lully, Elisabeth Jacquet de la Guerre, Étienne Moulinié. Des chants de marins viennent également agrémenter le voyage… Et si le spectateur devenait aussi membre d’équipage en chantant pour entrer dans le rêve de l’Île de Sable ? Rêve ou réalité, la musique est là pour jeter le trouble ! »

La distribution

L’ensemble Actèa

Ce spectacle a été conçu et sera interprété avec Nathalie Prats scénographie, Anne Charpentier acrobate et les musiciens d’Actèa 19Cyril Costanzo basse, Marie Schneider flûtes et  cornet, Pascal Galon fifre, cornemuse, luths et flûtes, Coline Miallier viole de gambe, Adeline Cartier épinette.

Il est le fruit d’une résidence des artistes au lycée Dumont d’Urville.

C’est une Co-production la scène nationale Châteauvallon-Liberté, la Forcerie des Arts et le Festival de Toulon et sa Région dirigé artistiquement par Séverine Baume et son Président Didier Patoux.

Pour les personnes qui le désirent, les partitions d’un morceau commun seront  à leur disposition sur le site du Festival de Musique une semaine avant le concert ainsi qu’un enregistrement audio ceux qui ne lisent pas les notes. Une heure de répétition sur place est à prévoir avant le début du concert pour les volontaires.

Infos et réservations www.festivalmusiquetoulon.com  et  billetterie@festivalmusiquetoulon.com

Jean-François Principiano

*Sources : Gustave Lanctot, « TROILUS DE  LA ROCHE DE MESGOUEZ, » dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 1, Université Laval/University of Toronto, 2003.