A qui profite l’instrumentalisation des crises et des catastrophes?

Étrusques ou Romains ? Du danger de prévoir le pire !

By TV83.info -Août 26, 20220

Ce matin en ouvrant mon quotidien favori Var Matin j’ai été étonné du ton catastrophique de l’ensemble du journal. Comment éviter le pire ! Alerte maximale aux intempéries ! Après la Grêle l’agriculture en crise ! Intempéries nous allons vers le pire ! Ce déclin qui inquiète les français ! Macron prévoit un hiver désastreux ! Crise dans le tourisme varois ! De Canson réclame un Davos du tourisme ! Les chattes en chaleur envahissent le Var ! Hyères sinistrée par la Grêle et ça va encore s’amplifier ! la pelouse du stade Mayol en péril ! Le canal de Provence au bord de la sécheresse ! 30% de moins d’eau ! 9% des français seulement sont optimistes 91% sont pessimistes ! Nous allons  inévitablement vers la fin ! etc…

Bref si on ajoute la toile de fond de la guerre en Ukraine, et la raclée du RCT contre Clermont, il ne reste qu’une lueur d’espoir lorsqu’on referme les pages du journal : la rubrique nécrologique où la moyenne de l’âge des décès s’établit à… 93 ans ! Je signe immédiatement !

Un argument de vente et de pouvoir
Annoncer les crises, les catastrophes, les déclins, les défaites, les désastres inévitables a toujours été un bon argument de vente et de pouvoir dans une société soumise à la dictature de l’émotion et du passionnel. L’instrumentalisation de la peur permet, depuis toujours aux Cassandres de se donner de l’importance voire du pouvoir : Ça va mal, suivez-moi sans hésiter ! Je suis votre chef protecteur ! La recette est bien connue des historiens. Elle porte en politique un nom, le Césarisme … ou  dans la presse le syndrome de la fourmi écrasée. *

Étrusques ou Romains ?
Cependant, au-delà  du procédé utilisé par les médias et les politiques il y a un réel danger a ne vouloir insister que sur les catastrophes et les déclins. C’est ce que Braudel appelait le virus du pessimisme et Marx l’anesthésie de l’action. Tous les deux comparaient la vision de l’avenir chez les Étrusques et chez les Romains. Voyons un peu !

Les Étrusques étaient persuadés que leur civilisation devait s’effondrer à plus ou moins court terme et qu’il fallait profiter de la vie le plus rapidement possible, le plus égoïstement possible jusqu’au jour où un de leur grand prêtre annonça précisément que le temps de la fin était arrivé.

Résignés ou combatifs
Les Romains plus pragmatiques, optimistes en profitèrent pour les rayer de l’histoire. Ils installèrent un état basé sur l’espérance, la volonté, l’action et le sentiment profond que toutes les difficultés peuvent être vaincues. Non seulement la civilisation romaine dura longtemps, plus de 1000 ans, mais elle se continua à travers l’Occident dans cet esprit conquérant de la recherche du bien commun, apportant, tant bien que mal, aux citoyens la paix, la sécurité, le bien-être, un peu d’égalité et le tout à l’égout. C’est ce que le christianisme social poursuivit jusqu’à sa sécularisation, à travers l’esprit des lumières et le positivisme, jusqu’aux victoires de la science et de la médecine, et jusqu’aux  lois de protection sociale.

Alors soyons davantage romains qu’étrusques.

La prévision systématique des échecs rend faible. Pour préparer les victoires futures il faut insuffler l’espérance des dépassements et non le pessimisme des immobilismes. Il y aura encore des lendemains qui chanteront !

Jean François Principiano

*Freud dans ses leçons sur la psychanalyse a bien noté que lorsqu’on écrase une fourmi, toutes les autres se détournent de leur tâche et viennent renifler la malheureuse jusqu’à former une cohorte mettant en danger la colonie. Ainsi les hommes sont plus attirés par les mauvaises nouvelles que par les bonnes.