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I. L'origine
de la pensée philosophique
Chez Platon, les préoccupations disjointes, naturalistes et humanistes, de la pensée antérieure sont réunies. Son but est, comme pour Socrate, moral et politique : le salut de l'homme et la bonne organisation de la cité. Mais la réforme politique passe selon lui par la connaissance car il est, comme son maître, intellectualiste moral. Le problème de la connaissance doit être résolu dans son ampleur car Platon estime que la connaissance morale n'est pas étrangère à celle de l'homme et des choses de la nature. La solution du problème épistémologique (qu'est- ce que la connaissance vraie?), Platon va la rechercher par le moyen d'une métaphysique (qu'est-ce que l'être et, plus précisément, qu'est ce que l'être au sens le plus élevé et pas seulement sens physique du terme?). Cette métaphysique concerne d'une part ce que l'on peut connaître et, d'autre part, celui qui connaît.
b. Quant au sujet connaissant, s'il est capable de s'élever à l'intuition des idées et aux idées supérieures, c'est qu'il a une âme qui est en affinité avec elles. Puisqu'ici bas, nous ne voyons que des choses sensibles, cette intuition intellectuelle n'est possible que par le souvenir que l'âme conserve d'une existence antérieure dans le monde des idées. Ceci est la théorie de la réminiscence (connaître c'est se souvenir; ignorer, c'est avoir oublié), qui reprend en partie les croyances pythagoriciennes en la métempsychose. Cette théorie s'appuie sur une anthropologie dualiste : l'âme, non sensible et immortelle, est exilée dans un corps sensible et mortel; l'une est apparentée aux idées subsistantes, l'autre aux apparences sensibles. La connaissance est donc une conversion de l'âme, appelée dialectique, qui se détourne des corps, se tourne vers les idées et remonte vers l'idée suprême (cf. le mythe de la caverne dans la République). L'étude des mathématique est une bonne préparation parce qu'elle est un savoir indépendant de l'expérience. c. La vie bonne et la cité juste découlent de l'intuition des idées parce que celles-ci participent à l'idée de Bien. Comme Socrate, Platon repousse le relativisme des sophistes et lui oppose l'intellectualisme moral. La justice, chez un individu, découle de la connaissance des rapports hiérarchiques qui unissent les parties de l'âme. L'âme est du fait de son union au corps, divisée en trois parties : la raison, la volonté, le désir; la première doit commander la deuxième et celle-ci la troisième. La justice dans la cité est semblable à la justice dans l'individu mais simplement écrite "en plus gros caractère" (remarquons au passage la méconnaissance platonicienne de la pluralité politique). Elle découle de la connaissance des rapports hiérarchiques des différentes classes. L'Etat est composé des magistrats, des guerriers et des travailleurs; les premiers doivent commander aux deuxièmes et ceux-ci aux troisièmes. Comme la justice est affaire de savoir supra-sensible, il est normal pour Platon que le philosophe gouverne. Cette conception n'est pas démocratique : le philosophe-roi, connaissant la cité idéale, organise la cité visible comme le ferait un architecte, c'est-à-dire sans avoir de comptes à rendre aux gouvernés. Mieux vaut donc, dit Aristote restaurer la valeur des objets d'expérience : les idées ne subsistent pas à l'état séparé des choses sensibles (du moins en ce qui concerne notre monde sub-lunaire) et celles-ci, les choses de notre expérience, sont des substances véritables (la substance étant définie comme ce qui est par soi-même). Les substances de notre expérience sont toutefois constituées chacune de deux co-principes : la matière et la forme. Cette théorie s'appelle l'hylémorphisme. Connaître ne requiert donc pas une intuition intellectuelle des essence subsistantes mais bien, simplement, un travail d'abstraction (aphairèsis) qui, à partir de l'observation et de la comparaison, dégage des choses sensibles la forme intelligible qu'elles contiennent. Ceci sera développé au chapitre suivant. En matière morale et politique, Aristote prend pour guide la nature de l'homme (c est-à-dire sa forme ou son essence) telle que nous pouvons la connaître dans l expérience au moyen de l'abstraction. On découvrirait ainsi à la fois ce qu'il y a de spécifique dans la forme de l'homme et ce qui fait la finalité de l'homme : sa rationalité discursive. La sagesse et la justice en sont l'actualisation, respectivement dans la vie contemplative et dans la vie politique. En politique, Aristote rompt avec l'idée du philosophe-roi. La philosophie politique a plutôt un rôle analytique : examiner ce que les hommes veulent dire lorsqu'ils parlent de justice, étudier les comportements politiques, enquêter sur les constitutions des cités existantes et voir comment cela se rapporte à la nature de l homme. 8. Conclusion On a pu voir que les préoccupations qui motivèrent les premières démarches philosophiques ont tourné en somme autour du langage, dans son usage théorique comme dans son usage politique. Les philosophes se sont en effet demandé comment il se peut que la réalité se prête à notre langage et à ses concepts uniques et stables. Cette question est double car elle se pose sous l'angle de la théorie comme sous celui de la pratique : y-a-t-il des principes qui feraient l'unité des choses du monde en dépit de leur diversité changeante (problème lié à celui de la stabilité conceptuelle requise par le langage de la connaissance) et y-a-t-il des principes qui indiqueraient un bien moral et politique en dépit de la diversité des ambitions personnelles de ceux qui en parlent? D'après les premiers développements rapportés jusqu'à présent, la méthode philosophique peut se définir comme une activité théorique présentant quatre caractères : rationnelle (argumentée), réflexive (considérant ses propres opérations), portant sur la totalité de ce qui est (physique et métaphysique) et de ce qui doit être (morale et politique) dans le but d'en atteindre les fondements derniers.
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