La situation en Corse

Corse, i francesi fori

By TV83.info -Mar 15, 20220

Au moment où tout le monde s’intéresse à la guerre entre la Russie et l’Ukraine voilà que la Corse manifeste à son tour contre l’État Français « assassin ».

Le militant  nationaliste Yvan Colonna est victime d’une agression dans sa cellule par un extrémiste islamiste après une querelle sur l’existence de Dieu. Colonna est gravement blessé et sans doute restera diminué pour le restant de ses jours.

Le lendemain la jeunesse corse s’enflamme. Faisons historiquement le point.

Colonna est accusé du meurtre d’un préfet de la République. Il a commis un crime. Il paye en prison pour ce crime. Mais il a aussi  porté atteinte à un symbole, l’Etat Français. C’est un détenu politique qui doit jouir d’un statut de protection. Son agression, aux yeux des corses, est suspecte. On les comprend. Amnesty International a souvent dénoncé le traitement carcéral des détenus « politiques » dans les prisons françaises.

Un peu d’histoire
En fait si l’on regarde le passé de l’île, depuis qu’elle est française, on constate le désintérêt de la France pour cette île et le peuple corse. Finalement  la France a moins fait pour la Corse que Gênes. En revanche la conquête ou pacification de l’île, après la cession de  Gênes,  s’est faite dans la violence et la répression. Elle a coûté plus de soldats au pays  que  toute la conquête de l’Algérie. C’est dire la résistance de Paoli.

La Corse a un riche passé.
La Corse s’honore d’avoir été la  première République démocratique d’Occident où les femmes corses avaient le droit de vote  bien avant les françaises (constitution de 1755). Pasquale Paoli Chef de la République corse (1755-1769) est un immense humaniste admiré par les philosophes des lumières notamment par Jean Jacques Rousseau.

Je rappelle, non sans émotion, que Paoli  accorda  en 1755 la citoyenneté aux juifs, une première en Europe et que, dans cet état d’esprit, la Corse fut le seul département français  qui, pendant la seconde guerre mondiale, se comporta en véritable terre d’asile pour les juifs.

La France a volontairement laissé la Corse à l’abandon. L’île est sous-développée, sous peuplée les infrastructures sont rudimentaires. Seules les zones touristiques livrées à la spéculation  ont été privilégiées. Jamais  la reconnaissance de Peuple Corse n’a été accepté par Paris qui a soigneusement entretenu l’émigration, le clientélisme, le clanisme, la corruption et la dépendance.

Humiliation mensonge et  mépris
La France a écarté les corses de leurs propres terres lors  de l’installation des rapatriés d’Algérie ; percevant cela comme une humiliation supplémentaire ils se sont révoltés, parfois avec violence. Sans parler de la condescendance avec laquelle on évoquait à Paris, le bandit « corse », le souteneur « corse », le douanier « corse », le terroriste « corse » etc…Toutes  les informations officielles ont été truquées. Par exemple lors de l’affaire de la coopérative d’Aleria en 1975 Edmond Simeoni haranguant la foule  afin qu’elle  évite la violence  fut traduit par la télévision nationale en ces termes « on voit l’indépendantiste excitant la foule à la violence… »  Paris a toujours méprisé la culture, la langue, le peuple corse et ses revendications. Je ne connais qu’un seul homme politique qui a eu le courage de changer les choses : Michel Rocard. (Vidéo)

Un gouvernement d’exception.
Pendant longtemps la Corse fut soumise à un  gouvernement d’occupation militaire.
Les autres pays  méditerranéens ont accordé l’autonomie véritable à leurs îles ;  l’Espagne pour les Baléares, l’Italie pour la Sardaigne et la Sicile. En Corse rien. Jamais rien.
Même Tahiti a un statut spécial  d’autonomie qui conviendrait très bien à la Corse. Pourquoi ne pas le lui accorder au nom de la justice historique et en souvenir de tous ceux qui sont morts dans les deux guerres mondiales. Car la France a su puiser dans le peuple de l’île pour faire de la chair à canon. Dans les tranchées de la Grande guerre 30.000 corses laissèrent leur jeunesse, prés de 4% de la population insulaire de l’époque, triste record national.

La seule avancée fut la coofficialité de la langue corse et du français accordée par Lionel Jospin en 2013.

Depuis les  Corses parlent leur langue et leurs revendications sont de plus en plus pressantes. Mais la France ne comprend toujours rien à la mentalité insulaire de l’île. Le temps du folklore à la Tino Rossi  et des célébrations de Napoléon est terminé. Il est dommage que Pierre Bourdieu soit mort sans porter à terme son projet  de  sociologie historique du colonialisme en Corse ! Il s’agit bien d’une forme de colonialisme. Je dis ces mots en tant que professeur d’Histoire et non en tant que militant partisan. C’est un fait. (Vidéo)

Il faut que la France change son regard sur l’ile et qu’elle démontre enfin qu’elle mérite cette merveilleuse terre en lui accordant une véritable autonomie et la reconnaissance de la spécificité du Peuple Corse.

Jean François Principiano

*Au Danemark, le pouvoir central autorise des représentants des îles Féroé et du Groenland à négocier directement avec des partenaires étrangers. En pratique, cette disposition semble particulièrement utilisée pour la négociation d’accords de pêche, sans qu’un représentant du ministère des Affaires étrangères soit nécessairement présent.

De même, les statuts de Madère et des Açores prévoient que des représentants des archipels participent à la négociation des accords internationaux qui les concernent directement. Par ailleurs, depuis 1989, Madère et les Açores peuvent établir des liens directs avec d’autres régions étrangères et participer à des organisations de coopération inter-régionale.

Le statut de la Sardaigne prévoit la représentation de l’île lors de la négociation des projets de traité de commerce la concernant. De même, celui des Canaries prévoit, d’une part, la présence de représentants de l’archipel dans les délégations espagnoles participant à des négociations européennes particulièrement importantes pour lui et, d’autre part, son information sur toute négociation internationale le concernant.

Quant aux îles espagnoles, italiennes et portugaises, leurs ressources ne sont pas uniquement constituées de subventions de l’État, mais elles peuvent lever leurs propres impôts. De plus, l’État leur cède une partie des impôts nationaux qui sont perçus sur leur territoire.

Sources : https://www.senat.fr/lc/lc73/lc730.html

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